La détection du nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus) dans les Landes, en novembre 2025, marque un tournant pour la filière bois française. Cet organisme nuisible prioritaire, classé en quarantaine par l’Union européenne, représente un risque majeur pour les forêts de conifères. Mais son impact dépasse les frontières : les exportations françaises de bois, notamment vers le Maroc, pourraient en subir les conséquences.
Un parasite redouté dans les forêts de pins
Le nématode du pin est un ver microscopique qui cible principalement les arbres du genre Pinus. Une fois installé dans l’arbre, il bloque la montée de la sève, provoquant un dépérissement rapide. L’infection se manifeste par la perte des aiguilles et la mort de l’arbre en quelques semaines.
L’insecte vecteur, le coléoptère Monochamus galloprovincialis, transporte le parasite d’un arbre à l’autre. Cet insecte est présent dans toute la France hexagonale, ce qui accentue le risque de dissémination.
La région des Landes, à forte densité de pins maritimes, combine trois facteurs de risque :
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un climat favorable,
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des essences sensibles,
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et la présence du vecteur.
Des mesures strictes pour contenir la propagation
Face à cette détection, les autorités françaises ont déclenché le plan national d’urgence sanitaire, encadré par la Direction générale de l’Alimentation. Les mesures comprennent :
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Coupe rase dans un rayon de 500 mètres autour des foyers,
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Interdiction temporaire d’exploitation et de transport de bois dans un périmètre de 20 km,
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Surveillance accrue dans toutes les zones à risque.
En parallèle, l’Anses, en tant que laboratoire de référence européen, réalise chaque semaine des analyses d’échantillons issus de forêts, scieries, ports et insectes vecteurs.
Manipulation sécurisée des bois et sous-produits
La réglementation impose également des précautions pour les produits forestiers :
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En période de vol du vecteur (avril à octobre), seuls les broyats de moins de 3 cm peuvent être laissés sur place,
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Les plaquettes destinées au commerce doivent être stockées <48h en forêt ou traitées,
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En hiver (novembre à mars), les risques sont moindres mais le stockage doit rester contrôlé.
L’impact sur les exportations vers le Maroc
La filière bois française exporte régulièrement vers le Maroc, notamment des bois de structure, des sciages de pin maritime ou radiata, et des plaquettes. L’apparition du nématode en France pourrait remettre en cause ces flux.
Le Maroc, soucieux de protéger ses ressources forestières, pourrait :
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Restreindre l’importation de bois de conifères français,
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Exiger des traitements phytosanitaires systématiques,
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Durcir les conditions de traçabilité et de stockage à l’importation.
Ce scénario met sous pression les scieries françaises et les plateformes logistiques spécialisées dans l’export. Les industriels devront s’adapter en sécurisant la chaîne logistique et en adoptant des méthodes de traitement reconnues (ex. : traitement thermique, filets imprégnés).
En Allemagne, pays également fournisseur du marché marocain, la menace reste potentielle mais très surveillée. Le pays n’a pas signalé de cas, mais anticipe le risque via un suivi rigoureux des zones à risque.
Quelles essences sont les plus exposées ?
L’Anses a identifié les essences les plus sensibles au parasite :
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Pin maritime,
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Pin sylvestre,
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Pin noir,
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Pin radiata,
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Pin taeda,
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Et probablement Pin d’Alep.
Aucune espèce plantée en Europe ne présente à ce jour de résistance naturelle au nématode. Seules certaines essences sont moins favorables à sa reproduction. Il est recommandé, en cas de foyer, d’éliminer les essences les plus vulnérables et de produire des plaquettes de petites dimensions pour limiter les risques d’infestation par l’insecte vecteur.