Marché du bois résineux : cap sur la recomposition mondiale 2025–2030

Le marché du bois résineux mondial entre dans une nouvelle phase stratégique. Après une décennie marquée par l’instabilité, la période 2025–2030 s’annonce déterminante. La reprise économique en Chine et en Europe, les tensions d’approvisionnement en Amérique du Nord et l’impact des politiques commerciales redessinent les flux.

Industrie de 80 milliards USD, le marché du bois résineux ne connaît qu’une croissance modeste. Mais sous cette stabilité apparente, les dynamiques régionales évoluent rapidement.

Une croissance lente mais une transformation accélérée

Depuis 2000, le marché du bois résineux progresse de 1,8 % par an. La consommation bascule vers l’Asie, tandis que l’offre reste dominée par l’Europe et l’Amérique du Nord.

Dans les pays développés, la construction reste le principal débouché. Les pays émergents privilégient l’emballage et le mobilier. L’usage par habitant reste stable dans les marchés matures, mais il reste très faible dans les régions comme l’Asie du Sud-Est et le MENA.

Cela ouvre des perspectives de croissance, fortement conditionnées par les politiques forestières, les barrières tarifaires et la durabilité des ressources.

États-Unis, Canada, Europe : tensions d’offre et arbitrages

États-Unis : entre reprise et pression tarifaire

Les États-Unis absorbent 27 % de la demande mondiale de bois résineux, mais n’en produisent que 20 %. Après un repli en 2022, la reprise des mises en chantier devrait relancer la consommation.

Les nouveaux droits de douane, prévus en octobre 2025, limiteront les importations et feront grimper les prix. La capacité de production du Sud progresse, mais les autres régions sont pénalisées par les coûts et le manque de main-d’œuvre. Des importations européennes sont attendues d’ici la fin de la décennie.

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Canada : contraction durable

Le secteur canadien est pénalisé par des droits américains en forte hausse et une pénurie de grumes en Colombie-Britannique. La fermeture des scieries s’accélère, au profit d’investissements vers le Sud des États-Unis.

Les tentatives de diversification vers l’Europe et l’Asie sont freinées par les coûts logistiques et les standards techniques. Une recentralisation sur le marché intérieur semble inévitable.

Europe : croissance plafonnée

L’Europe fournit un tiers du bois résineux mondial. La confiance revient dans la construction, mais les volumes produits atteignent des limites durables. En Europe centrale, les effets des scolytes réduisent les prélèvements. L’expansion repose désormais sur l’Europe de l’Est et les pays baltes.

Chine et pays émergents : vers un nouveau cycle

La demande chinoise en bois résineux, en recul de 34 % depuis 2017, pourrait repartir après 2027, portée par la stabilisation immobilière. La Russie restera son principal fournisseur.

L’Inde, le Vietnam et les marchés MENA afficheront également une croissance soutenue. Faiblement dotés en ressources forestières, ils resteront dépendants des importations.

Un marché du bois résineux de plus en plus fragmenté

La demande mondiale en bois résineux atteindra 335 millions de m³ d’ici 2030, avec une croissance annuelle de 1,2 %. Les États-Unis, l’Europe et la Chine en concentreront 70 %.

Pour satisfaire cette demande, 22 millions de m³ supplémentaires seront nécessaires, fournis par le Sud des États-Unis, l’Europe de l’Est et l’Extrême-Orient russe. Le futur du marché du bois résineux dépendra de la capacité des acteurs à s’adapter à ces nouvelles géographies commerciales.

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