Marché européen du bois résineux : vers une stabilisation en 2025 ?

Après trois années marquées par l’instabilité, le marché du bois résineux en Europe amorce une phase de stabilisation. Le 73ᵉ congrès international ISC 2025 à Oslo a livré des perspectives prudentes mais encourageantes. Si la production reste en retrait par rapport à 2021, la consommation et les exportations repartent légèrement à la hausse. Cependant, les défis structurels persistent : flambée des prix des grumes, raréfaction de l’épicéa et ralentissement de la construction.

Une production stable mais réduite depuis 2023

Les pays membres de l’EOS (European Organisation of the Sawmill Industry) ont maintenu leur production de bois résineux à 78 millions de m³ depuis 2023. C’est 10 % de moins qu’en 2021, où le pic atteignait 86 millions de m³. En incluant la Norvège et la Suisse, la production totale européenne atteint 97 millions de m³.

L’Allemagne affiche le recul le plus marqué. À l’inverse, la Finlande prévoit une reprise à 11,7 millions de m³ en 2025. L’Autriche et la Suède stabilisent leur production, tout comme la Lettonie et la Norvège. Cette constance masque toutefois une réalité contrastée selon les pays.

Tensions sur les prix et évolution de la demande

Malgré une légère hausse de la consommation (+2,1 % en 2024), le niveau reste inférieur de 13 % à celui de 2021. L’ETTF (European Timber Trade Federation) prévoit une progression modérée jusqu’en 2026, portée par la reprise des exportations et des chantiers.

Mais les marges des scieries européennes sont sous pression. Le prix des grumes, notamment en Finlande, atteint des records historiques. L’indice des grumes d’épicéa s’élève à 160 (base 2015=100), contre 150 pour le bois scié. Cette compression des marges fragilise la rentabilité du secteur.

En Europe centrale, les prix restent élevés, avec un écart notable entre les grumes fraîches et celles issues de forêts endommagées (scolytes).

A lire aussi : Bois résineux : reprise espérée pour l’industrie européenne en 2026

L’épicéa en recul, la substitution par le pin s’accélère

La raréfaction de l’épicéa, pilier historique de la ressource bois en Europe, devient un facteur structurel. En Allemagne, les stocks pourraient passer de 1,2 milliard de m³ en 2012 à 300 millions en 2100. Le changement climatique accentue cette tendance, rendant l’épicéa moins adapté aux conditions actuelles.

Face à ce constat, plusieurs scieries en Europe centrale et en Suède optent pour le pin, qui répond aux mêmes critères mécaniques. Cette évolution modifie les chaînes de transformation, notamment en termes d’aspect et de séchage.

Focus : dynamisme contrasté du secteur construction

Le secteur de la construction européenne montre des signes de reprise. Les permis de construire ont reculé de 2 % en 2024, mais les données mensuelles s’améliorent. L’Allemagne profite de la rénovation énergétique, la France mise sur la transition verte et les Pays-Bas encouragent la construction biosourcée. Le bois y gagne des parts de marché : 24,1 % des logements neufs en Allemagne sont désormais en structure bois (contre 20,4 % en 2020).

Perspectives 2025–2026 : vers un équilibre progressif

Les projections indiquent une consommation de 43,9 millions de m³ en 2026 dans les pays EOS+UK, encore en dessous des niveaux pré-crise. Les exportations hors UE progressent, tirées par les États-Unis (+19 % au 1er semestre 2025), l’Égypte (+8 %) et, dans une moindre mesure, le Japon. La Chine, en revanche, réduit ses importations (-37 %).

Face à la concurrence russe, les acteurs européens misent sur la qualité et la durabilité. Le cadre réglementaire (EUTR, EUDR, FSC, PEFC, DGNB) impose de nouvelles exigences, mais pourrait aussi devenir un levier de valorisation si les politiques de soutien sont renforcées.

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