La Commission européenne a annoncé une série de mesures de rétorsion tarifaire en réponse aux droits de douane américains de 25 % sur l’acier et l’aluminium de l’UE. Ces nouvelles sanctions commerciales, d’une valeur estimée à 26 milliards d’euros, impacteront directement l’industrie américaine du bois, avec l’application de droits de douane sur divers produits tels que le bois d’œuvre, le contreplaqué, les panneaux de particules et de fibres, les parquets et la pâte à papier.
Déploiement des mesures tarifaires : une mise en œuvre en deux phases
L’Union européenne prévoit une application progressive des sanctions douanières :
- 1er avril 2025 : rétablissement de 8 milliards d’euros de droits de douane, initialement introduits en 2018 et 2020, puis suspendus lors des négociations commerciales.
- Mi-avril 2025 : introduction de droits supplémentaires sur un éventail plus large d’exportations américaines, y compris les produits du bois, après une période de consultation de deux semaines se terminant le 26 mars 2025.
Cette décision fait suite à la dernière salve de droits de douane américains, annoncée le 10 février 2025, qui affecte 18 milliards d’euros d’exportations européennes d’acier et d’aluminium.
Conséquences pour l’industrie du bois
L’UE est un importateur majeur de bois feuillus et de matériaux transformés américains, et l’augmentation des droits de douane pourrait provoquer :
- Une hausse des coûts pour les acheteurs européens, qui devront absorber les nouvelles taxes ou se tourner vers d’autres fournisseurs.
- Un possible changement des chaînes d’approvisionnement, avec un recours accru aux marchés alternatifs comme l’Asie, l’Amérique latine ou l’Afrique.
Selon un analyste de l’Association chinoise de distribution du bois et des produits du bois, l’UE ne se contente pas d’imposer des droits de douane, elle cherche à redistribuer les cartes sur le marché mondial du bois. Cette décision intervient alors que la Chine a déjà restreint ses importations de grumes américaines, invoquant des préoccupations de biosécurité.
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Un climat commercial de plus en plus tendu
Cette montée en tension s’inscrit dans un contexte plus large de guerres commerciales et de protectionnisme accru :
- La Chine a suspendu ses importations de grumes américaines, un marché estimé à 1,4 milliard de dollars, affectant 62 % des exportations totales de bois d’œuvre américain vers ce pays.
- Les États-Unis ont relevé leurs droits de douane sur le bois d’œuvre résineux canadien de 14,5 % à 39,5 %, une mesure qui prendra effet le 2 avril 2025.
- En réponse, la Colombie-Britannique a ordonné le retrait des produits alcoolisés américains des magasins gérés par l’État.
Impact sur le secteur de la construction et de l’habitat
L’augmentation des droits de douane sur le bois américain ne se limite pas aux industries forestières. Selon la National Association of Home Builders (NAHB), ces nouvelles taxes pourraient ajouter entre 7 500 et 10 000 dollars au prix moyen d’une maison neuve aux États-Unis, rendant l’accession à la propriété encore plus difficile pour de nombreux acheteurs.
Appels à la négociation et incertitude sur le marché du bois
Face à cette situation, la National Hardwood Lumber Association (NHLA) exhorte les entreprises américaines à s’opposer aux droits de douane européens. La Commission européenne a ouvert une période de consultation jusqu’au 26 mars 2025, offrant aux exportateurs la possibilité de déposer des arguments en faveur d’exemptions tarifaires.
Cependant, la multiplication des conflits commerciaux entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie rend incertain l’avenir du marché mondial du bois. Avec des chaînes d’approvisionnement perturbées, une hausse des coûts logistiques et un climat économique instable, les acteurs du secteur doivent s’adapter à une nouvelle réalité commerciale.
La décision de l’UE d’imposer des droits de douane sur le bois américain constitue une escalade dans la guerre commerciale transatlantique, affectant non seulement les exportateurs américains, mais aussi les importateurs et distributeurs européens. Entre la montée du protectionnisme, l’impact sur les prix de la construction et la restructuration des marchés du bois, cette crise pourrait redessiner les équilibres commerciaux internationaux dans l’industrie forestière.
