Mesure de sauvegarde sur les panneaux de fibres de bois revêtus : quelles conséquences pour le marché marocain ?

Enquête de sauvegarde sur les panneaux de fibres de bois au Maroc : impact sur les importations et l'industrie locale

L’industrie marocaine des panneaux de fibres de bois revêtus (PFBR) traverse une période critique, confrontée à une explosion des importations qui met en péril la production locale. À la demande de la société CEMA BOIS DE L’ATLAS (CBA), le Ministère de l’Industrie et du Commerce a mené une enquête de sauvegarde, concluant à la nécessité d’une mesure protectionniste pour limiter l’impact de ces importations sur les producteurs nationaux.

Cette décision, qui prend la forme d’un droit additionnel de 1 dirham par kilogramme sur les importations de PFBR, aura des conséquences significatives sur l’ensemble de la filière. Quels seront ses effets sur l’industrie, les petits menuisiers et le consommateur final ? Décryptage.

Un afflux massif d’importations qui bouleverse le marché

Depuis 2019, les importations de panneaux de fibres de bois revêtus ont connu une croissance spectaculaire, mettant sous pression les producteurs locaux.

  • +43 % en 2020 par rapport à 2019
  • +98 % en 2021
  • Une légère baisse de 4 % en 2022, suivie d’un rebond massif de +73 % en 2023

En comparaison avec la production nationale, cette tendance est encore plus alarmante : la part des importations dans la production locale a grimpé de 254 % en 2023 par rapport à 2022.

Face à cette situation, le gouvernement a jugé nécessaire d’intervenir pour éviter une fragilisation durable du tissu industriel marocain.

Un droit additionnel pour protéger l’industrie locale

Pour rétablir une concurrence équitable, le gouvernement a décidé d’instaurer une mesure de sauvegarde sous forme d’un droit additionnel spécifique de 1 dirham/kg sur les importations de PFBR.

Cependant, afin de respecter les engagements internationaux du Maroc, un contingent tarifaire de 16 000 tonnes sera exempté de ce droit, avec une augmentation progressive de 10 % par an pendant trois ans.

A lire aussi : lancement d’une enquête de sauvegarde sur les importations de panneaux de fibres de bois revêtus

L’impact sur les petits menuisiers et artisans

L’application de cette mesure aura un effet direct sur les petits menuisiers et artisans qui utilisent ces matériaux dans leurs projets.

  1. Hausse du prix des matières premières
    • Les petits ateliers qui se fournissaient en panneaux importés verront leurs coûts de production augmenter.
    • Cette hausse pourrait être répercutée sur les prix des meubles et agencements sur mesure.
  2. Revalorisation des produits locaux
    • La mesure de sauvegarde pourrait inciter les artisans à utiliser davantage de panneaux produits localement.
    • Toutefois, cela dépendra de la capacité des fabricants marocains à proposer des alternatives compétitives en termes de qualité et de prix.
  3. Une adaptation nécessaire pour les petits ateliers
    • Contrairement aux grandes entreprises, les petits menuisiers auront moins de flexibilité pour absorber l’augmentation des coûts.
    • Ils pourraient être contraints de revoir leurs tarifs ou leurs gammes de produits en fonction des nouvelles conditions du marché.

L’impact sur le consommateur final

Le consommateur final pourrait être affecté par une hausse des prix des produits finis, notamment dans les secteurs de l’ameublement et de l’aménagement intérieur.

  • Augmentation des prix des meubles et cuisines
    Les particuliers cherchant à acheter des meubles sur mesure pourraient voir une légère hausse des tarifs.
  • Moins de choix en entrée de gamme
    Certains produits importés à bas coût pourraient devenir moins compétitifs, laissant une part plus importante aux fabricants locaux.

Un marché en pleine mutation

L’introduction de cette mesure de sauvegarde marque un tournant décisif pour l’industrie du bois au Maroc.

  • À court terme, elle risque d’entraîner une hausse des prix pour les artisans et les consommateurs.
  • À moyen et long terme, elle pourrait stimuler l’investissement dans la production locale, réduisant ainsi la dépendance aux importations.

Si cette mesure vise à protéger la production nationale, elle représente également un défi pour les petits acteurs du marché. L’enjeu majeur sera de garantir un approvisionnement stable en matériaux de qualité pour éviter une pénalisation excessive des artisans et des consommateurs finaux.

La réussite de cette politique dépendra de la capacité des industriels marocains à innover et à proposer des produits de qualité, tout en maintenant des prix compétitifs.

L’industrie du bois au Maroc est donc face à une période de transition, où chacun des acteurs – fabricants, menuisiers et consommateurs – devra s’adapter à une nouvelle réalité du marché.

Affaire à suivre…

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