Depuis l’été 2025, les scieries allemandes sont confrontées à une pénurie de grumes sans précédent. Épicéa et pin se raréfient, poussant les prix à des niveaux records. Résultat : arrêts de production, licenciements, menaces sur l’ensemble de la chaîne bois. Un déséquilibre structurel qui pourrait remettre en cause la stabilité du secteur dès 2026.
Une pénurie sans précédent malgré une demande modérée
Le secteur bois en Allemagne subit sa plus forte pénurie de grumes depuis les années 1980. Le mètre cube d’épicéa dépasse désormais les 130 €, soit une hausse de 40 % en un an. Ce déséquilibre survient paradoxalement dans un contexte de faible demande en bois de construction et en panneaux dérivés.
Les scieries, prises en étau entre des prix de grumes élevés et un marché final atone, tournent au ralenti. Certaines stoppent même temporairement leur activité. L’Association allemande des scieries (DeSH) alerte sur une « menace existentielle » si l’approvisionnement ne reprend pas rapidement.
La météo et la dépendance au bois de récupération en cause
L’été 2025, humide et frais, a fortement limité les infestations de scolytes et les tempêtes, deux sources majeures de grumes de récupération en Allemagne. Cette absence de bois « sinistré » perturbe l’équilibre habituel du marché.
En Bavière, jusqu’à 50 % du volume exploité provient généralement de ces coupes d’urgence. Cette année, l’effondrement de cette ressource souligne la dépendance du système à des aléas climatiques. Faute de coupes fraîches suffisantes, les scieries se tournent vers des importations coûteuses depuis l’Autriche et la République tchèque.
Des appels à l’action et une remise en question du modèle forestier
Face à cette pénurie de grumes, la DeSH appelle les propriétaires forestiers privés à reprendre immédiatement l’exploitation régulière des épicéas et pins. Objectif : éviter une flambée durable des prix et préserver les capacités industrielles.
La situation actuelle met en lumière les limites d’un modèle basé sur la réaction aux catastrophes. Les experts forestiers y voient une opportunité pour engager une transition vers des forêts mixtes, plus résilientes au climat. La vente de grumes à prix élevé pourrait ainsi financer une replantation plus durable.
Une chaîne fragilisée… mais des pistes de résilience
Si les utilisateurs finaux comme les ménages ou les revendeurs restent, pour l’instant, relativement épargnés grâce aux stocks réalisés en amont, l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement montre sa fragilité. La tension sur les volumes, la volatilité des prix et l’arrêt des activités de coupe planifiée fragilisent durablement le secteur bois.
La crise allemande résonne à l’échelle européenne : elle interroge sur la soutenabilité du modèle forestier actuel, entre dépendance au bois sinistré, dérèglement climatique et besoin de stabilité pour l’industrie.
