Prédire l’orientation des marchés du chêne Français pour la fin de l’année 2023 s’avère une tâche ardue. Les premières ventes en septembre offrent des indices, mais leur confirmation demeure nécessaire. Les circonstances ont considérablement évolué depuis le début de l’année 2022, marquée par un enthousiasme général chez les scieurs de chêne. Actuellement, l’économie mondiale traverse une période incertaine avec des signaux économiques sombres : les États-Unis font face à des incertitudes, le secteur immobilier chinois connaît des difficultés, et l’Europe, en particulier l’Allemagne, le moteur économique, frôle la récession (avec des prévisions de PIB oscillant entre -0,2 % et -0,4 % pour 2023).
Ces perturbations ont désormais un impact sur la filière chêne. Un exemple est celui de l’industrie du parquet, qui a connu une nette baisse d’activité en Europe au cours de la dernière année, avec une moyenne de 20 % de réduction au sein de l’Union européenne, se traduisant par -12 % en France et -30 % en Allemagne (chiffres sur une année jusqu’à fin juin 2023). En France, tandis que le secteur de la rénovation-extension maintient sa stabilité, la construction neuve enregistre une chute de 16 % en un an, à la fin du premier semestre 2023. Cette situation a des répercussions sur les achats de meubles, influençant ainsi certains types de chênes. Une baisse de la demande et une sensible diminution des prix commencent à se faire ressentir dans les forêts, notamment pour les produits de petit diamètre et les matériaux de second choix destinés aux placages et frises. De plus, le marché des poutres paysagères connaît un ralentissement.
Lors de la vente ONF de Châtenoy-le-Royal (Saône-et-Loire) début septembre, anciennement connue sous le nom de grande vente de Beaune, les prix de ces assortiments ont accusé une baisse de 10 à 15 % en un an (voir tableau ci-dessous). En chiffres bruts, sans tenir compte des variations de qualité, le prix moyen des chênes a régressé de 12 % au cours de l’année précédente (chiffre d’affaires des enchères par rapport au volume vendu). Les lots invendus représentent 16 % du volume recensé au catalogue (contre 2,5 % d’invendus à l’automne 2022). Le nombre d’enchères par lot affiche une tendance à la baisse, passant d’une moyenne de 6,7 soumissions par article vendu il y a un an à 5,2 aujourd’hui. Toutefois, les grumes de haute qualité et de grand diamètre n’ont pas connu de fluctuations de prix significatives. Selon Régis Anglaret, responsable des feuillus à l’ONF Bourgogne Franche-Comté,
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Le marché français du bois reste positif et la demande en merrains de chêne apparaît très dynamique, avec un secteur de tonnellerie très actif (une hausse de 27 % du chiffre d’affaires sur un an à fin mars 2023). Cependant, les tonneliers s’inquiètent de ne plus pouvoir accéder équitablement au marché du merrain de chêne. Le Syndicat des Négociants de Chêne de France et la Fédération Française de la Tonnellerie ont récemment exprimé leur inquiétude de ne pas être impliqués dans les négociations qui ont abouti à la prolongation de l’accord « chêne » entre l’ONF et la FNB. Cet accord prévoit que les contrats d’approvisionnement sont réservés aux scieries, privant ainsi les producteurs de merrains et les tonneliers d’une partie de leur matière première. Cette situation, susceptible de créer des tensions sur les prix, pourrait expliquer en partie pourquoi les prix du bois de haute qualité restent stables.
Un autre élément clé dans l’évolution du marché du chêne provient d’Asie. David Roy, directeur de DHSwood France, explique que le paysage chinois a considérablement changé. « La frénésie des achats à tout prix et sans limite de qualité d’il y a deux ans est derrière nous. La saison 2023 a été très courte en Chine et les scieries chinoises ont accumulé des stocks de bois de mauvaise qualité, tandis que la demande de parquet a soudainement chuté en raison de la crise immobilière. » Selon ce spécialiste, il faut donc s’attendre à des achats limités en termes de volume et de prix de la part des importateurs chinois, qui seront beaucoup plus sélectifs en qualité. Dans ces conditions – demande réduite pour les produits de second choix,
Le chêne s’affaiblit en BourgognePrix en euros par mètre cube ONF Public Sales in Burgundy | |||||||
Volume | T3 2018 | T3 T2020 | T3 2021 | T3 2022 | T3 2023 | Changement en 1 an | Changement en 2 ans |
1,5m3 | 150 | 102 | 136 | 200 | 158 | -21% | +16% |
2m3 | 204 | 151 | 210 | 272 | 232 | -14,7% | +10% |
2,5m3 | 245 | 188 | 261 | 332 | 289 | -12,9% | +11% |
3m3 | 279 | 218 | 304 | 380 | 336 | -11,6% | +11% |
3,5m3 | 308 | 243 | 343 | 415 | 376 | -9,4% | +10% |
4m3 | 334 | 266 | 376 | 450 | 409 | -9,1% | +9% |
4,5m3 | 356 | 286 | 403 | 480 | 439 | -8,5% | +9% |