Les prix du bois en Norvège amorcent une baisse en 2025, alors que les propriétaires forestiers exploitent des volumes records. Une évolution marquante pour un marché longtemps en tension, avec des répercussions notables sur l’équilibre entre offre nationale et demande européenne.
Selon la Direction norvégienne de l’agriculture, cette inflexion des prix intervient après une période prolongée de hausse, dans un contexte de faible activité du bâtiment et de tensions sur la rentabilité des scieries locales.
Une production forestière au plus haut en 2025
De janvier à septembre 2025, les récoltes forestières norvégiennes ont atteint 10,3 millions de m³. C’est 0,9 million de plus que sur la même période en 2024. Ce rythme soutenu s’explique par la volonté des exploitants de tirer parti de prix historiquement élevés ces dernières années.
Mais cette surabondance de bois intervient alors que le secteur de la construction ralentit. Résultat : les prix s’ajustent à la baisse. D’après Anders Hennum, responsable forestier chez Viken Skog, cette correction était inévitable. Il évoque un retour à l’équilibre, les scieries ayant atteint des seuils critiques de rentabilité.
Des baisses modérées mais significatives sur l’épicéa et le pin
La diminution des prix reste contenue, mais elle touche l’ensemble des essences. Entre juin et septembre 2025 :
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Le prix de l’épicéa scié est passé de 1 089 NOK (94 €) à 1 053 NOK (91 €) par m³.
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Le pin scié a chuté de 1 024 NOK (88 €) à 952 NOK (82 €) par m³.
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En bois à pâte, l’épicéa a baissé de 647 NOK (56 €) à 607 NOK (52 €).
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Le pin à pâte a connu la plus forte correction, reculant de 630 NOK (54 €) à 570 NOK (49 €), soit près de 10 %.
Cette tendance marque un retournement après des années de croissance continue. Toutefois, les prix restent supérieurs aux moyennes historiques, signe d’un marché encore dynamique.
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Une demande européenne toujours très soutenue
Malgré la baisse interne, la demande extérieure reste forte. L’Union européenne a importé 4 millions de m³ de grumes de Norvège entre janvier et août 2025, en hausse de 58 % par rapport à 2024 (données Eurostat).
La valeur des exportations a quasiment doublé pour atteindre 411 millions d’euros. En Suède et en Finlande, la concurrence est vive : les grumes s’échangent à 99 €/m³ en moyenne, et le bois d’œuvre grimpe à 260 €/m³.
Ce dynamisme européen compense partiellement la baisse des prix domestiques. Il confirme également l’intérêt croissant du continent pour le bois nordique dans un contexte de transition écologique.
Des opportunités à long terme pour la filière bois
Pour les propriétaires forestiers norvégiens, cette correction n’est pas perçue comme une crise. Anders Hennum reste confiant : « Le monde aura besoin de plus de bois dans les années à venir ». Il a lui-même investi dans de nouvelles infrastructures agricoles grâce aux revenus générés par la vente de bois ces dernières années.
Dans un marché mondialisé, la Norvège conserve des atouts structurels : ressources abondantes, gestion durable et proximité avec les marchés européens.